Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog d'Ikki le Namek
13 août 2015

1 an dans les rues meurtrières de Baltimore

baltimore 1

Au début des années 1990, on pouvait dénombrer près de 300 hommes et femmes décédés de mort violente dans les rues de Baltimore. Une ville que l'on retrouve fréquemment dans le classement des 50 villes les plus meurtrières au monde (si si ça existe, j'ai cherché sur google!). Donc lorsque le journaliste David Simon décide de suivre pendant une année la brigade criminelle et raconter ses aventures dans un livre, ça nous donne une lecture riche en enquêtes policières et homicides sanguinolents.

David SIMON un journaliste dans la bergerie

Âgé de 55 ans, David Simon débute sa carrière de journaliste au sein du "Baltimore Sun" où il écrit pour la rubrique "faits divers" et couvre différentes scènes de crime. Marqué par la réflexion d'un inspecteur "Si quelqu'un pouvait raconter tout ce que l'on voit en 1 an..." et perturbé par les coupes budgétaires de son journal, il décide de prendre une année sabbatique sans solde afin de suivre la brigade criminelle de Baltimore. Sous l'étiquette de "stagiaire de la police" il va être un témoin privilégié de la violence qui gangrène cette ville du Maryland.

A force d'investigations sur le terrain auprès de toutes les catégories de la population, l'auteur va devenir un spécialiste sur le fonctionnement et les dérives de Baltimore. Si je l'ai découvert il y a seulement 2 ou 3 ans, ça m'a tout de suite séduit chez lui et j'ai suivi avec attention toutes ces œuvres.

Initialement intitulé "Un an dans les rues meurtrières", le livre "Baltimore" se présente sous la forme d'un pavé de 935 pages écrit en 1988 et édité en 1991 aux USA (et 2012 en France). Son récit prendra la forme d'un journal intime où les titres sont en fait des dates. C'est la première oeuvre majeure de l'ancien journaliste qui enchaînera sur le roman / documentaire "The Corner" ayant pour sujet le quotidien des toxicomanes (adapté ensuite en série TV). Il se consacrera ensuite à sa série à succès "The wire", dédié aux trafiquants de drogue. Policiers, drogués, dealers, David Simon est donc parti à la rencontre de tous les "acteurs" des quartiers chauds de Baltimore.

"Baltimore" sera une plongée dans l'univers de la brigade criminelle. Ce qui devait être un documentaire va s'apparenter à un roman policier grâce aux enquêtes policières expliquées et détaillées du début à la fin, de la découverte du corps au procès.

Un documentaire amélioré

Censé décrire la vie d'une brigade criminelle dans une ville où les meurtres sont aussi nombreux que variés, le livre "Baltimore" remplit parfaitement sa fonction de documentaire. Après sa lecture, on peut dresser un portrait du métier d'inspecteur mais également de la société américaine dans son ensemble. On a l'impression de côtoyer les personnages du livre et de vivre leurs aventures. D'où le coté "roman", car lorsqu'ils arrivent sur une scène de crime, décrivent les antécédents de la victime et interrogent les premiers suspects, on a qu'une envie:connaitre le coupable!

C'est la première impression que "Baltimore" m'a donné, j'ai été pris dans la lecture et je n'ai pas vu les 900 pages passer. Maintenant je vais revenir un peu plus en détail sur ce que j'ai aimé dans ce livre.

- Des personnages attachants que David Simon a appris à cerner après une année à faire équipe avec eux. Il va d'ailleurs s'attacher à les décrire le plus fidèlement possible aussi bien physiquement que moralement. On comprend vite les défauts de certains et les qualités des autres, et on s'habitue à leurs petites manies et leur humour de flics (qui, je l'avoue, m'a bien fait rire!).
On est loin des clichés gentil flic - méchant flic, ou inspecteur expérimenté - petit nouveau tchatcheur, on est face à des personnages bien réels qui vont osciller entre désespoir et résignation et rebondir d'échecs en succès durant 365 jours.
Je considère que, pour qu'un livre soit un plaisir à lire, il faut bien entendu un thème intéressant mais également des personnages que l'on a envie de suivre, et ici, c'est le cas.

- Comme je l'ai écrit un peu plus haut, le lecteur assiste aux enquêtes du début à la fin. Cela permet de voir l'envers du décor et d'apprendre pas mal de choses sur le métier d’enquêteur qui n'a rien à voir avec celui que l'on voit à la TV. On débute par l'arrivée sur la scène de crime, la découverte du corps et des premiers indices matériels. Puis le passage à la morgue où les conflits avec les médecins légistes sont nombreux. Ensuite, c'est la recherche de témoins, de preuves et de suspects. Puis on pénètre dans l'intimité d'une salle d'interrogatoire, où les dialogues sont fidèlement retranscrits par David Simon.
En effet, en tant que stagiaires de la police, ce dernier pouvait suivre les interrogatoires et, lorsque les inspecteurs ne voulaient pas de sa présence, il avait la liberté d'écouter aux portes. Ça a donc permis de retrouver dans "Baltimore" des dialogues savoureux et riches d'enseignements entre flics et accusés. Si certains passages prêtent à sourire, d'autres nous font comprendre que, dans certains quartiers américains, le port d'armes est une habitude et la vie humaine n'a rien de sacré.
Pour terminer, on a droit à certaines séances au tribunal où l'on voit l'importance et le manque d'impartialité des jurés.

- Le troisième élément fort du livre concerne les intrigues policières. Ça n'était pas du tout l'objet de "Baltimore" et d'ailleurs David Simon s'en explique dans l'épilogue. Les circonstances ont fait que certains crimes ont marqué l'année passée auprès de la brigade criminelle.
Aussi bien par leur cruauté (une fillette retrouvée violée et étranglée), le profil du coupable (une gentille vieille dame qui collectionne les défunts maris et accessoirement les polices d'assurance), ou encore, les difficultésliées aux investigations policières, certaines enquêtes vont se démarquer des autres et seront une sorte de fil rouge durant toute la lecture. Les descriptions précises de l'auteur permettront de ressentir au mieux la tension ou l'horreur des scènes et le suspens sera au rendez-vous.
A coté de ça, on retrouvera les crimes du quotidien qui rendront la lecture vivante et intéressante.

- La lecture de "Baltimore" m'a laissé assez songeur, car la description qui y est faite de la société américaine fait, limite, froid dans le dos. On y voit des adolescents qui achètent des flingues aussi facilement qu'un menu big mac, et des quartiers pauvres où la drogue fait des ravages et laissent des "zombies" qui n'ont plus qu'un objectif, trouver comment payer leur dose journalière.
Mais ce qui m'a surtout marqué, ce sont tous ces corps ramassés à la pelle en à peine 1 an. Que ce soit pour des dettes de 20 dollars, un vol de voiture, ou une insulte ridicule, on se retrouve avec des vies retirées et des familles brisées pour des broutilles. Sans vouloir faire de la morale à 2 balles, je me dis que la vie humaine n'a que peu de valeur dans certaines sociétés habituées à la violence et aux armes.
Enfin, ce livre montre un aspect de la police américaine qui est plus que jamais d'actualité. Bien entendu ce n'est pas un livre à charge, mais certains passages, certaines descriptions ou remarques de l'auteur montrent que le racisme ou les violences policières ne sont pas que des légendes. Cela n'était pas l'objectif de David Simon, d'ailleurs il ne s'en offense à aucun moment ce qui est limite choquant, mais avec les événements que l'on observe depuis 1 an aux USA, ce qui paraissait peut être normal en 1988 ne l'est plus du tout aujourd'hui.
Ce livre ne s'attache pas seulement à raconter la vie d'une brigade criminelle dans une ville au taux de criminalité élevé, c'est également un bon révélateur de la société.

Par contre j'aurai 2 reproches à faire. Il y a une dizaine de personnages principaux et c'est parfois difficile de se souvenir qui a fait quoi. Heureusement chaque inspecteur est rattaché à une affaire principale, les crimes permettent donc de se repérer quand on est perdu!
J'ai aussi été embêté avec les notions de "sergent", "colonel", "lieutenant"... très présentes dans une brigade mais qui ne me parlent vraiment pas! Je n'arrive pas à savoir qui est le supérieur hiérarchique de l'autre, ça pouvait ralentir ma lecture.

Pour conclure

Moi qui adore l'univers de David Simon et son énorme travail d'investigation dans la ville de Baltimore, j'ai apprécié ce livre. Et je le recommande à tous les fans de cet écrivain, journaliste, scénariste et à ceux qui ont aimé la série "The Wire".

Pour ceux qui ne connaissent pas, et bien je vous le conseille quand même car on est en présence d'un super documentaire policier avec son lot d'intrigues, d'action et ... de donuts (ah bah oui on est en Amérique!).
Donc si les 900 pages ne vous font pas peur, vous pourrez trouver "Baltimore" en format broché au prix de 23 euros, et bonne nouvelle, il est disponible en format poche depuis mai 2015 à 9,50 euros.

Ma Note : 4,5/5

Publicité
Publicité
Commentaires
Un vrai blog de mec ! :-P

Publicité
Archives
Où suis-je ?

Retrouvez-moi aussi sur Livraddict
ainsi que sur Instagram

Certains de mes articles sont également en ligne sur Ciao.fr

Publicité