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Le Blog d'Ikki le Namek
24 août 2015

Lino boxe avec les mots

Je viens vous parler aujourd'hui du dernier album du rappeur Lino intitulé "Requiem" pour 2 raisons. Tout d'abord je l'ai écouté en boucle pendant près de 3 mois et deuxièmement c'est un cd que m'a offert ma femme, je voulais donc la remercier en écrivant un article.

Lino en quelques mots

Tant par son parcours que par sa discographie, Lino est loin d’être le rappeur le plus connu de la société, une présentation rapide s'impose donc. 
Âgé de 41 ans, Gaelino (son vrai prénom) compose avec son frère le groupe de rap Arsenik, qui deviendra une référence dans l'univers du rap français grâce à l'album "Quelques gouttes suffisent". Paru en 1998, le rappeur profitera d'une sorte d'âge d'or du rap durant lequel Doc Gyneco, Stomy Bugsy, Passi ou encore NTM enchaînaient les passages en radio et à la tv (et au tribunal pour Joey Starr!). 
Cette ouverture médiatique sur le rap et les morceaux de qualité d'Arsenik permettront à Lino de devenir une référence de cette musique et de laisser l'image d’être l'un des rares artistes à avoir "une plume", c'est à dire un sens de l'écriture aiguisé et des textes censés, parfois violents, parfois crus, mais jamais provocateurs et très éloignés des clichés répandus dans le rap à base de sexe, drogue, arme ou encore gel douche au paraben :-(.

A chaque fois que l'on demandera à un rappeur son "top 3 du rap français" vous pourrez trouver le nom de Lino. Un milieu où il est pourtant rare de faire l'unanimité.

Mais s'il est aussi talentueux pourquoi n'est-il pas médiatisé? Pourquoi n'entendons pas parler de lui plus souvent? La réponse est simple, après le 1er album solo d'Arsenik en 1998, puis un second en 2002 et un album solo en 2005, il a fallu patienter 10 années pour écouter "Requiem", soit une éternité! Hormis Mylène Farmer ou Michel Polnareff difficile pour un artiste de rester sur le devant de la scène sans sortir d'album durant une décennie.

Heureusement pour lui, le rap a tellement régressé durant son absence que son retour était attendu avec impatience par les fans de cette musique, fatigués d'écouter Skyrock, la Fouine et ses copains.

Dernière petite information, en compagnie de Passi, il fera également partie de l'aventure Bisso Na Bisso, avec leur single entêtant du même nom.

Le rap unique de Lino

Avec l'album "Requiem" on a droit à 15 chansons + 2 interludes. On retrouvera des invités de divers horizons, le rap bien entendu (Calbo, Niro, Youssoupha...), le RNB (Zaho), la variété française (Corneille) ou africaine (Fally Ipupa).
En revanche, au niveau des réalisateurs et producteurs, j'avoue que leurs noms ne me disent rien, je ne le connaissais pas avant l'écoute. Pour les fans de l'émission "touche pas à mon poste", sachez tout de même que le DJ Tefa a participé à la réalisation.

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Choc funèbre : Une mélodie qui colle parfaitement au titre car elle est limite funéraire. Lino y livre un rap direct et soigné, très éloigné des textes de rap ordinaires destinés aux ados pré-pubères que l'on entend aujourd'hui. Comme il le dit lui même "les trentenaires peuvent rallumer la radio".

12ème lettre : Ce fut le 1er extrait de l'album "Requiem", et pour répondre aux attentes il fallait un morceau parfait. C'est le cas ici, on retrouve une musique puissante, une voix grave, un rap mature où il n'y a pas besoin d'insultes pour faire passer un message.

Le flingue à Renaud : Là encore, les paroles sont efficaces et la mélodie est sombre. C'est sur ce genre de son que Lino est le meilleur, il n'y a pas de thème précis, il change de sujet à chaque rime et en profite pour rendre hommage à Renaud, Trust et George Brassens.

VLB : Sur cette chanson, Lino a souhaité se remémorer son adolescence et faire un clin d'oeil aux années 1990 , ces marques de vêtements oubliées et ces objets cultes. On retrouve en featuring T-Killa qui livre l'un des rares refrains chantés de l'album.

Faute de français : Le chanteur Dokou, que je ne connaissais pas, est présent sur cette chanson qui se veut une hymne à la paix et à la solidarité dans le monde. Bref, c'est plein de bons sentiments et ça permettra de s'ouvrir à un public plus large.

Wolfgang : Le second extrait de "Requiem". Et tout comme avec "12ème lettre", on a droit à un rap de qualité sur une musique envoûtante.

7 milliards sous le ciel : Zaho et Youssoupha sont invités pour ce titre destiné là aussi à toucher un autre public que celui qui écoute Lino habituellement. Entre Zaho qui est plutôt chanteuse de RNB et Youssoupha qui fait partie des rappeurs "modernes", on peut dire que ces 3 artistes sont complémentaires. Malheureusement ce n'est pas sur ce type de chanson que Lino assure le plus.

Narco : Pour ce morceau, le quadragénaire a voulu s'entourer de deux rappeurs qui illustrent la nouvelle vague du rap français : Niro et Sofiane. Ils sont loin d’être nuls, c'est même plaisant à écouter, mais au final, on ne retient rien de leur message. Si Lino voulait montrer que les petits nouveaux n'avaient pas son niveau, c'est réussi, mais s'il souhaitait passer le relais, il s'est planté!

Peuple qui danse : Quand on voit le titre, on peut s'attendre à un nouveau morceau plein de bonnes attentions traitant de la pauvreté dans le monde. Sauf que là, Lino utilise parfaitement son talent de rappeur pour livrer un texte sérieux afin de dire ce qu'il pense, sans chercher à plaire au plus grand nombre, et avec un sens de la formule qui lui est propre

Brûleur de frontières : Avec Corneille en featuring sur cette chanson, c'est l'une des plus belles collaborations de l’album. On sent que les deux artistes s'apprécient et ont passé pas mal de temps à travailler ensemble en studio. Il y aune superbe alchimie entre eux, les fans de Lino seront ravis, ceux de Corneille également.

Allo Lino : Une interlude signée Ramzy (d'Eric et Ramzy) drôle et pertinente où il distille pas mal de conseils afin que Lino réussisse son retour et puisse faire sa promotion chez Michel Druker... Une transition parfaite pour la chanson suivante.

Suicide commercial : Une mélodie entraînante et des rimes tranchantes qui permettent de faire un état des lieux du rap français, où ceux qui vendent le plus d'albums ne sont pas les meilleurs. De la même manière, ce ne sont pas les plus talentueux que l'on va médiatiser mais ceux qui restent fidèles au cliché du rappeur bling-bling qui fait fantasmer adolescents et adolescentes. Un texte que l'on pourrait résumer par cette phrase "Dans le rap le mot "représenter" est mort avec le Bescherelle".

Au jardin des ombres : Sur un air de piano, on a droit à un texte triste où la mort est très présente. Pas le genre de chanson à écouter lorsque l'on a pas le moral!

Le rap n'est plus : Une interlude faite par le comique John Rachid qui regrette l'évolution du rap "le rap vacille avec des phrases sans verbes, sans COD [...]. Que faire? Mettre un CD de Manau et se dire qu'au final ce n'était pas si mal que ca?". Un message qui fait parfaitement le lien avec le morceau suivant...

Ne m'appelle plus rappeur : Lino invite ici ses 2 frères, Calbo (avec qui il forme le groupe Arsenik) et T-Killa, pour l'un des meilleurs titres de l'album. Une musique au violon, des rimes agressives, et des tacles à tout va. Beaucoup de sujets sont abordés, du voyeurisme de BFM TV au front national, en passant par les déboires du 36 quai des orfèvres. C'est assez rare de voir ces trois là posés sur le même morceau et c'est dommage car le résultat est génial.

De rêves et de Cendres : Je l'avais un peu oubliée cette chanson. En fait, elle est placée entre deux des pépites de l'album et c'est souvent que je la passe dès les premières secondes. La chanteuse Manon est présente sur ce morceau et je n'ai pas franchement accroché.

Requiem : Ça commence par des notes d'orgue, puis la mélodie s'emballe. J'ai du mal à reconnaître les autres instruments présents, mais ils s'accordent parfaitement à la voix grave de Lino, qui s'approprie la musique. Pour clôturer cet album il a voulu marquer les esprits et c'est réussi. Ses rimes tranchantes, ses paroles imagées, son efficacité, ça lui parait facile à faire mais il est le seul rappeur français à pouvoir faire un morceau de cette qualité. J'ai trouvé que ce dernier morceau humiliait les autres rappeurs habitués à parler fort, à chercher le buzz, mais bien incapables de faire oublier Lino, même lorsque celui-ci s'absente 10 ans.

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Et donc...

Vous l'aurez compris, j'ai été emballé par l'album "Requiem". Si quelques chansons ne m'ont pas marqué plus que ca, il y a selon moi au moins 8 morceaux excellents qui méritent d’être écoutés par tout ceux qui apprécient le rap. Je ne me considère pas comme un spécialiste de ce courant musical, mais, selon moi, il est impossible aujourd'hui de trouver un album d'une telle qualité dans le rap français. C'était peut être chose courante dans les années 2000, mais plus maintenant.

Sorti en janvier 2015, le prix du dernier album de Lino est de 10 euros sur Amazon et la fnac. Un beau cadeau pour les trentenaires qui pensent que le rap c'était mieux avant :-).

ma note : 5/5

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Commentaires
Un vrai blog de mec ! :-P

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